Cartonner sur les réseaux
Comment écrire des « posts » ou des « tweets » irrésistibles ? Guy Kawasaki, ex-« évangéliste » chez Apple, nous livre ses conseils avisés pour améliorer notre « self branding » sur les médias sociaux.
Depuis des années, il défend sans relâche l’art « d’enchanter » l’utilisateur: « icônes fun », interfaces fluides, « bonbons visuels »… Aujourd’hui, dans son nouveau livre, L’Art des médias sociaux, co-écrit avec Peg Fitzpatrick, il livre ses conseils pour rendre attractifs et irrésistibles vos posts sur les réseaux sociaux, tels Facebook, Twitter, LinkedIn ou Pinterest.
1. Soignez (vraiment) la qualité du contenu
Avant toute chose, qu’entend-on exactement par du contenu de qualité? Bonne question! Un contenu intéressant se présente sous quatre formes:
- Information. Que s’est-il passé? Exemple: le secrétaire d’État à la défense, Chuck Hagel, a déclaré qu’il était prêt à réexaminer le statut des transsexuels dans l’armée.
- Analyse. Qu’est-ce que cela signifie? Exemple: Mother Jones explique pourquoi l’incident lors duquel la star de football uruguayenne, Luis Suárez, a mordu un joueur de l’équipe adverse posait de gros problèmes en termes d’hygiène.
- Aide : Comment ça marche? Exemple : le site CENT explique comment envoyer un SMS d’urgence au 911 (le « 15 » américain)
Divertissement. Qu’est-ce qui leur passe par la tête? Exemple: chaque année deux églises de Vrontados en Grèce simulent une guerre des roquettes pour fêter Pâques.
2. Soyez surprenant
Un grand nombre de personnes et la majorité des entreprises ont une définition restrictive de ce qui est pertinent et intéressant pour leurs abonnés. Ils supposent à tort que leur abonnés ne s’intéressent qu’à un nombre restreint de sujets. Devrais-je exclusivement publier du contenu ayant trait à l’entrepreneuriat, l’innovation et la technologie ? Peg (Peg Fitzpatrick, co-auteur du livre, NDLR) devrait- elle uniquement publier du contenu concernant les blogs et les médias sociaux? Motorola devrait-il exclusivement publier du contenu sur Motorola?
3. Soyez audacieux
Dans ces trois cas, la réponse est non, car cela serait ennuyeux -et « ennuyeux » ne fonctionne pas sur les médias sociaux. Essayez d’adopter une vision plus globale et de prendre plus de risques. Voici quelques exemples de stratégies utilisées par les entreprises pour rester dans la course tout en suscitant davantage d’intérêt (suite après l’illustration).
La réussite sourit aux audacieux et il en va de même pour les posts intéressants, donc n’hésitez pas à exprimer vos sentiments et intentions. Par exemple, si vous pensez qu’il devrait y avoir plus de femmes PDG, partagez un article étayant votre point de vue. Vos abonnés vous ont volontairement suivis, il peuvent donc arrêter tout aussi volontairement s’ils n’aiment pas ce que vous partagez.
Si vous ne bousculez personne sur les réseaux sociaux, c’est que vous ne les utilisez pas de la bonne façon. Certes, d’aucuns vous reprocheront de publier trop de posts ou des posts qui ne sont pas suffisamment intéressants pour eux, mais c’est ce que j’appelle « l’Internet entitlement syndrome » (« syndrome du « Internet me donne droit à tout » NDLR). Certains pensent que tout devrait être gratuit et répondre parfaitement à leurs attentes, car ils sont le cente de l’univers (maudit soit Copernic!)
4. Soyez bref
Sur les médias sociaux, la concision vaut mieux que le bavardage inutile. Vous êtes chaque jour en concurrence avec des millions de posts. Les membres se font rapidement un avis et passent leur chemin si vous ne suscitez pas rapidement leur intérêt.
Selon notre expérience, la longueur idéale pour du contenu issu de la curation sur Google et Facebook est de deux ou trois phrases et de 100 caractères sur Twitter. La longueur idéale pour du contenu de votre création se situe entre 500 et 1 000 mots.
5. Soyez reconnaissant
Lorsque vous publiez du contenu dont vous êtes l’auteur, vos publications ne comportent pas forcément de liens, mais lorsque vous partagez du contenu, par définition vous utilisez des sources extérieures. Chaque post devrait donc contenir un lien renvoyant vers votre source. Ces liens permettent:
- aux lecteurs d’en apprendre davantage sur la source,
- d’envoyer du trafic vers la source pour la remercier,
- d’augmenter votre visibilité sur les sites Web et votre popularité vis-à-vis des blogueurs.
Lorsque vous trouverez du contenu grâce au post d’un autre membre, suivez ce protocole: rédigez et publiez un post comprenant un lien renvoyant vers la source, puis ajoutez un « hat tip » (h/t) suivi du nom de la personne qui vous l’a fait découvrir (Astuce très « américano-américaine » mais pourquoi ne pas la populariser en Europe NDLR).
6. Soyez visuel
Tous les posts, sans exception, devraient être accompagnés d’une « pépite visuelle », du type photo, image graphique ou vidéo. Selon une étude de Skyword, « le nombre total de vues [concernant le contenu de son client] augmente en moyenne de 94% si un article publié contient une photo ou une infographie pertinente, en comparaison d’articles sans image dans la même catégorie. »
Une image graphique ou une vidéo de qualité jouent un rôle tout aussi important dans le succès d’un post que le texte. Voici plusieurs manières de le faire:
- Associer un lien à votre contenu. Sur Google+ et Facebook, si vous associez un lien, une photo s’ajoutera automatiquement à votre publication. Faites attention à ce que la taille de ces photos ne soit pas trop petite par rapport à la taille maximale autorisée, auquel cas celles-ci apparaitraient minuscules sur des appareils mobiles.
- Faire une capture d’écran de la source, ou sauvegarder l’image, et l’ajouter manuellement à votre publication. Essayez d’obtenir une photo d’au moins 500 pixels de large. Soyez conscient du fait que dans ce cas, il est parfois délicat de savoir si votre usage de ces données est loyal (fair use) ou non, pour ce qui concerne le droit d’auteur (…).
- Créer vos propres images graphiques à l’aide de Canva. Canva, une entreprise pour laquelle Peg et moi travaillons, fournit des modèles, images vectorielles, polices de caractères ainsi que des photos facturées 1 dollar à chaque utilisation.
- Acheter une image sur une banque d’images en ligne telle que Fotolia, iStockphoto ou Stocksy.
Il existe également des sites gratuits tels que Wikimedia Commons et Flickr Creative Commons. L’entreprise Creative Commons donne accès à plusieurs banques d’images afin de faciliter la recherche. Quelle que soit la façon dont vous obtenez vos photos et images, veillez à toujours utiliser la taille optimale sur chaque plateforme.
7. Soyez organisé
Si votre publication sur Google+, Facebook ou LinkedIn est composée de plus de quatre paragraphes, utilisez une liste à puces ou numérotée. Cela facilite la lecture car l’information est organisée en de plus petits paragraphes et minimise l’effet « tldr » (too long didn’t read).
Je suis peut-être la seule personne au monde à le faire, mais lorsqu’un texte n’est qu’une suite de paragraphes, je le laisse de côté. Si j’ai envie de lire un roman, j’achète un e-book. Je suis beaucoup plus enclin à lire un post comportant une liste à puces ou numérotée.
8. Soyez rusé
Lorsque que je tombe sur des posts dont le titre commence par: « Comment », « Le top 10 de … », « Le meilleur de… », cela m’indique qu’ils vont être pratiques et utiles. Tweld a publié une liste de 74 titres percutants (reproduite dans le livre NDLR), parmi lesquels mes 10 titres préférés sont:
1. Comment cartonner…
2. Guide pratique pour…
3. Le guide exhaustif pour…
4. Les questions que vous devriez poser avant de …
5. Les règles pour …
6. Les étapes indispensables pour …
7. Les méthodes les plus utilisées pour …
8. Conseils pour …
9. Stratégies pour …
10. Ce que personne ne dit à propos de…
9. Soyez facile à trouver
Les hashtags sont une belle invention. Ils relient les posts de personnes se trouvant aux quatre coins de la planète et apportent une structure à un écosystème qui en est dépourvu. Ajouter un hashtag à un post revient à crier tout haut que le post est pertinent au vu de vos intérêts communs. Par exemple, asocialmediatips sur Google+ relie des posts relatifs aux médias sociaux. Twitter, Instagram, Facebook, Tumblr et Google Plus prennent en charge les hashtags. Cette pratique est donc courante et reconnue.
Nous vous conseillons d’ajouter deux ou trois hashtags à vos posts. Si vous en utilisez davantage, vous aurez l’air d’un #idiot qui essaie d’#exploiterlesystème. Par ailleurs, n’utilisez pas les hashtags sur Pinterest car ils ne sont pas les bienvenus (sans doute parce qu’ils interfèrent avec le caractère minimaliste de ses posts).
10. Soyez actif
Par « actif », nous entendons que vous publiiez entre trois et vingt posts différents par jour. Tant que vos posts sont bons, vous pouvez en publier davantage, mais si publiez deux mauvais posts par jour, c’est déjà trop (suite après l’illustration).
Certes, vous êtes en train de lire un livre coécrit par quelqu’un à qui il arrive de répéter jusqu’à quatre fois ses tweets. Cependant, faites-moi confiance et essayez de partager du contenu selon le rythme de la colonne « utilisation hardie » figurant dans le tableau ci-dessus (les chiffres incluent les posts créés ainsi que ceux issus de la curation).